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Lili Dans le Métro

Jeu de piste

25 Juin 2008 , Rédigé par Lili Publié dans #La vie sur rails...

En arrivant en haut des marches, la foule s’étalant sur le quai m’indique sans ambiguïté un problème de circulation. Cette fois, il s’agit d’une manifestation.

La présence de manifestants sur la voie, nous oblige à cesser la circulation des trains qui subissent un retard d'une heure environ.

Une heure! J'y crois pas! Une bonne dizaine de minutes se déroulent dans l’impatience générale. Le pire c’est de ne pas savoir. Aucun affichage n’est indiqué, aucune annonce prononcée. Il est toujours plus facile de patienter lorsqu’on sait combien de temps on doit le faire.

Le mécontentement bourdonne, gonfle, éclate…

En raison de manifestants sur les voies, je répète, des manifestants sont présents sur les voies, le trafic est interrompu jusqu’à nouvel ordre.

Une clameur s’élève sur le quai, des mouvements se propagent, des portables sortent des poches, des conversations s’échappent dans tous les coins. Qui prévient du retard, qui annule un rendez-vous, qui donne des consignes pour le dîner…

S’il n’y a pas de train, c’est qu’ils ne peuvent pas passer. On ne sait pas où est le train Zick, dès qu’un train arrivera à Châtelet les Halles, on vous préviendra.

C’est le comble !! Moi qui me plaignais du manque d’information, au moins nous savons maintenant que personne ne sait rien !

 

Sur le quai en face, un train qui vient du sud est terminus gare de Lyon. A cet instant précis, la même idée émerge au fond de centaines de cerveaux: ce train repartira sans doute en sens inverse.

C'est celui-ci le prochain train!

Alors, une vague déferlante issue de la foule en délire, déserte et ignore le quai trois et se précipite dans l'escalier, dévale les marches et s'engouffre dans le passage souterrain afin d'atteindre le quai opposé. Je suis le mouvement bientôt stoppé par l'annonce du conducteur:

Ce train est terminus et ne prend plus de voyageurs.

Une onde de protestation déferle sur le quai et la vague subit un ressac violent.

Demi-tour, retour à la case départ. Nous voici à nouveau sur le quai trois, nous languissant d'une nouvelle annonce.

Une quinzaine de minutes plus tard, un train s'avance enfin sur la voie une. Cette fois, c'est le bon! Les passagers prennent d'assaut les wagons. Je monte aussi, c’est plein comme un œuf, il fait une de ces chaleurs, mes pieds brûlent, des fourmis me picotent les doigts de pieds. C’est bien ma veine! Pour une fois je porte des chaussures à talons hauts et leurs bouts pointus me compriment les orteils. Je parviens à monter à l’étage supérieur. Nous restons à quai pendant plusieurs minutes désespérant de partir enfin.

Puis soudain, le roulis assourdissant d'un train nous arrache à notre torpeur. Une rame longe également la voie trois! J’espère que ce n’est pas le Zyck qui arrive enfin sur un autre quai ! Je crains d’être montée dans un mauvais train, les informations cruellement absentes font défaut, aucune annonce n’a été faite, on ne sait rien !

Des voyageurs me confirment la direction du train, il s'agit bien d'un Zyck. S'ils se fourvoient, nous serons un certain nombre à passer la soirée dans une gare qui n'est pas la notre.

Je respire!

L'annonce du conducteur me rassure et balaye mes doutes : ce train est un Zyck, il est à destination de Melun et sera direct jusqu'à Maisons-Alfort puis Villeneuve Saint Georges, il desservira toutes les gares via Combs-la-ville.

Les visages des voyageurs se détendent, la plupart s'enfoncent dans leur fauteuil, d'autres ouvrent leur journal, patientent encore un peu, le départ est imminent. Pourtant le temps passe, les jambes se décroisent, les livres s'effeuillent, les soupirs abondent.

En raison du retard, le train ne s’arrêtera pas à Maisons-Alfort.

 

Branle-bas de combat! Certains voyageurs concernés se lèvent précipitamment et s'extirpent en râlant de la foule afin de ne pas rater leur sortie.

Puis, le conducteur annonce enfin le départ. L'air ennuyé, une femme d'une quarantaine d'années, un peu boudinée dans son imperméable lie de vin se lève en se dandinant et tente d'ouvrir la fenêtre bloquée. Au regard hostile de sa voisine, elle se justifie.

Cette dame était partie prendre un café au distributeur, à force d’attendre…. Oh la pauvre elle va rater le train !!

La fenêtre demeurant obstinément close, elle moulinait les bras pour attirer son attention. En vain, malheureusement, la co-voyageuse ne la regardait pas, scrutant l’affichage en plissant les yeux. Dans le train, la dame s'évertuait à gigoter et bientôt la sonnerie retentit et les portes se fermèrent.

Partagée entre le soulagement de partir et la compassion pour l'autre femme restée à quai, elle murmura:

Oh la pauvre!

Ça y est, c'est le moment de partir.

«  Votre attention s’il vous plait, le départ de ce train va être retardé…»

Une grande clameur, s’élève alors dans le wagon…

« …en raison du déclenchement d’un signal d’alarme »

La clameur, redouble de force marquant la profonde déception des passagers. A tout malheur est bon. La dame sur le quai a eu de la chance… elle a pu monter dans la rame.

Dix minutes plus tard, le train s'ébranle, nous partons enfin.

Quel bonheur de sentir alors le roulis du train, le ronronnement de roues, les raccords des rails…

Nous sortons à présent du tunnel, découvrant à nouveau comme chaque soir ce paysage familier, un magnifique nuancier de gris, noir et beige, pigmenté parfois d'un vert sale.

Je suis fatiguée, je ferme les yeux, et me laisse porter loin de la capitale…

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A
et on gagne quoi si on réussit? Un voyage non retour?
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N
Maintenant je sais ce que c'est et ce n'est pas de tt repos !!!
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C
Ca s'en va et ça revient <br /> ds les trannsports en commun<br /> Camille françois
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S
Comme on s'amuse dans ces transports en commun!!
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D
les mouvements de fool dans le metro c'est coton... pauvre lili!!!!
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